Agir localement pour un avenir durable

Transition écologique et solidaire : agir localement pour un avenir durable.

Par Erwan Lecoeur.

Contexte scientifique, social et politique

Lors de la dernière campagne électorale, les thèmes d’une ville plus sobre, plus humaine, plus accueillante aux enfants et aux femmes, ont donné le ton. Il est question d’urgence climatique et de besoin démocratique, de nécessité sociale et d’impératif environnemental. Plus qu’une orientation, il s’agir d’avoir une volonté politique assumée de décliner un véritable projet sur l’ensemble du mandat, que tous les domaines de l’action publique se voient orientés dans cette direction, pour toucher à peu près tous les domaines de la vie municipale et de l’activité des services. Une conviction : la crise est certes globale, mais les réponses et solutions sont à tous les niveaux, et les actions à mettre en œuvre sont locales :  

Les conséquences multiples des dérèglements du climat 

Sur la question des dérèglements climatiques, on ne pourra se cantonner à aborder le seul sujet du réchauffement climatique, ou de l’évolution des températures – pourtant bien réelles et sensibles, sur les dix dernières années en particulier – , ce qui réduirait la question à une évaluation des problèmes à l’aune de données météorologiques. 

Parmi les nombreux sujets qui peuvent être abordés, on peut citer la question des îlots de chaleur et de la nécessité de végétaliser, de “débitumiser”, notamment les cours d’école, mais aussi de nombreux espaces publics qui pourraient devenir – à court ou moyen terme -, difficiles à vivre toute une partie de l’année, dans certains quartiers. Un sujet d’actualité brûlante, qui mêle usages et appropriation de l’espace public (entre genres et entre générations) et aménagement du territoire régulé et équilibré. Les transports y sont un des enjeux les plus visibles : de l’autosolisme urbain au vélo citadin, de la trottinette électrique aux transports en commun, en passant par les différentes formes de partage (auto, vélo, etc.), jusqu’à la marche à pied, championne méconnue des usages réels en ville. 

La question climatique recouvre également celle des sécheresses régulières qui mettent en danger la capacité des habitants et des usagers à utiliser l’espace public. On peut évoquer la difficulté d’accès aux ressources en eau et en alimentation que ses épisodes de fortes chaleurs amplifient considérablement. Le dérèglement climatique entraîne aussi des épisodes de température extrême, qui peuvent voir s’installer des vagues de chaleur en automne et en hiver, des tempêtes meurtrières, voire des cyclones localisés, comme cela fut le cas dans plusieurs régions de France en 2022. 

Chaque année semble plus chaude que la précédente et les dix dernières années ont été les plus chaudes dans l’histoire de la météorologie mondiale. Les épisodes de méga feux de l’été 2022 ont été suivis de tempêtes de glace en Amérique, comme en Europe.

Les villes continentales vont subir de plein fouet ces températures extrêmes, qui iront en s’amplifiant dans les années à venir. 

Pour répondre aux dérèglements du climat, il s’agit de faire prendre conscience que nos sociétés sont entrées dans un nouveau régime climatique et qu’il leur faut s’adapter le plus vite et le mieux possible. Pour cela, les collectivités territoriales doivent être capables de se préparer à toutes sortes de gestions de risques.

Par exemple : une sécheresse extrême qui empêche la navigation le long d’un fleuve, suivie d’une séquence d’inondations, qui peut mettre en péril certaines habitations et certains quartiers, suivie d’une période de froid intense qui empêche de nombreuses circulations et mobilités, etc. Cet exemple permet de voir comment la succession d’épisodes climatiques extrêmes peut entraîner une paralysie complète ou partielle de plusieurs services publics habituels – de transports, de livraisons de fluides, d’accès aux soins, etc.

Biodiversité : l’Anthropocène, ça se passe près de chez nous 

Chauve-souris mangeuse de moustiques, Rosalie des Alpes en manque de hêtres, ou triton crêté en danger de pesticides, on compte des centaines d’espèces en danger de disparition imminente, dans le monde et certaines en particulier dans nos régions. Cette crise majeure, cette “extinction de masse” est due à l’activité humaine. On parle désormais d’Anthropocène, pour désigner cette nouvelle ère qui aurait démarré  au cours de la Révolution industrielle : “Aujourd’hui, les humains et leurs pratiques génèrent des changements environnementaux sur Terre d’ampleur souvent comparable aux forces géophysiques, climatiques, volcaniques ou encore extraterrestres (météorites). Durant 4,5 milliards d’années, ces dernières ont façonné la planète et les scientifiques ont divisé les temps géologiques en étages, périodes, époques ou ères pour mieux cerner la chronologie de l’histoire de la Terre. « Actuellement, les activités humaines, émettrices de pollution atmosphérique, de substances chimiques de synthèse, d’éléments plastiques rejetés dans tous les océans… sont responsables de bouleversements environnementaux majeurs, et cela, avec une rapidité fulgurante.” (site du Muséum d’Histoire naturelle)

La COP 15 consacrée à la biodiversité vient de s’achever à Montréal, annonçant de nouveaux engagements internationaux. L’urgence est là, selon les spécialistes, nous sommes bel et bien entrés dans la 6e extinction massive des espèces. La dernière a eu lieu il y a 66 millions d’années. À court terme, 17% de la faune et de la flore étudiées par les experts de la biodiversité sont menacés en France. Cela correspond à 2 562 espèces, sur les quelques 15 000 évaluées. En 500 ans, 197 espèces ont déjà disparu du territoire français. Et 578 espèces se trouvent en danger critique, le plus haut niveau. 

Parmi ces espèces, le déclin des insectes pollinisateurs menace directement les écosystèmes : sans eux, les plantes à fleurs risquent de disparaître. Et tous les animaux qui en dépendent : les oiseaux qui mangent leurs graines, les amphibiens qui mangent les insectes, les herbivores qui s’en délectent, etc. Pour éviter des “printemps silencieux”, il faut agir, au plus vite et au plus proche : interdiction de pesticides, préservation de chaque parcelle de biodiversité, reboisement, “dé-bitumisation », plantations de vergers et jardins, ZAN, ZFE, etc. Tout doit être fait. Des engagements globaux (COP) aux projets locaux, l’Humanité doit engager résolument une autre façon, plus protectrice, réparatrice, d’influer sur le vivant. “Parler d’anthropocène, c’est donc prendre conscience de notre place et des actions correctrices possibles pour préserver les ressources dont nous avons besoin, pour notre bien-être et pour celui des autres êtres vivants eux-mêmes”, explique Frédérique Chlous, professeure d’anthropologie au Muséum d’Histoire naturelle. Et si l’Anthropocène pouvait prendre une dimension plus positive, action après action, localement d’abord, puis progressivement, par l’exemple, renverser le cours dramatique actuel ? Il faudrait pouvoir imaginer que l’Humain arrive à nouer une “nouvelle alliance” avec le non-Humain, pour influer sur le cours des choses, mais en évitant de détruire, en préservant, en permettant à la nature de se restaurer, de reprendre vie. Comme toutes les innovations, tous les changements majeurs, cela commencerait en bas de chez nous, avec des minorités actives (S. Moscovici, 1979).   

 

Gérer les ressources : une mission de plus en plus complexe 

Parmi les missions de service public, des collectivités territoriales, l’allocation des ressources, est sans doute l’une des plus importantes, puisqu’elle permet de réparer certaines inégalités, d’assurer la continuité, du mode de vie de nombreux usagers et habitants, de jouer un rôle essentiel dans la distribution, d’eau, d’énergie, de mobilité, d’allocations, d’éducation, etc. Tous ces biens et services qui sont apparus comme essentiels durant la période de la crise du covid-19 et qui tendent à devenir depuis quelques années un enjeu majeur du bien-vivre au sein d’une collectivité locale, formée de ses membres, humains et non humains vivant sur le même territoire.

Le terme de “sobriété” a connu sans conteste une explosion de notoriété depuis quelques mois. L’idée selon laquelle les ressources d’une planète finie ne peuvent pas être infinies a fait son chemin depuis plusieurs décennies, sans être toujours admise comme une évidence. Pour certains, il aura fallu un conflit en Ukraine pour s’apercevoir que l’énergie n’est pas une denrée bon marché par nature. Géopolitique et marchés mondialisés ont eu raison de l’illusion de l’abondance en matière de gaz, pétrole, et même électricité – le nucléaire n’étant plus une ressource fiable. 

La baisse de la température moyenne du chauffage dans les bâtiments publics est un cas d’école de la nécessité d’une transition écologique qui doit devenir capable de passer l’épreuve de l’acceptabilité sociale. Et elle a posé des problèmes d’incompréhension, voire d’opposition de la part d’agents dès sa première mise en œuvre, au sein des services de la ville. Pourtant, c’est bien à un nouveau registre des services publics qu’il faut désormais s’atteler, afin de faire en sorte qu’il devienne acceptable, que les décisions soient comprises, acceptées, voire demandées par les publics. Cela implique aussi que chaque agent public soit en mesure de se poser la question de la meilleure façon de présenter la nécessité de faire mieux avec moins, en étant capable de trouver les bons arguments pour l’expliquer aux usagers qui ont souvent pris l’habitude de penser qu’il vaut mieux en avoir “pour son argent” – et le plus possible. 

 

Des populations de plus en plus fragilisées, par de plus en plus de phénomènes  

C’est l’une des limites et des difficultés souvent pointée de certains discours écologistes qui oublient parfois que l’écologie ne peut faire porter la nécessité du changement et l’urgence de la modification de certains comportements sur tous les humains de façon générale. Pour résumer, on pourrait avancer que les victimes principales des dégradations environnementales sont aussi celles des inégalités sociales et économiques. Les plus précaires subissent ce que les plus nantis provoquent (en plus grande quantité). 1 milliard d’individus (sur 8 milliards), produit environ 70 % des émissions de gaz à effet de serre, les autres payant plutôt le prix des dégâts occasionnés. Non seulement les plus précaires polluent donc beaucoup moins, mais ils subissent aussi beaucoup plus durement et directement les ravages de la pollution et les effets des crises environnementales et sociales qui les suivent. Sécheresse, ou grand froid, transports polluants, ou malbouffe ; les plus démunis sont toujours un peu les mêmes face aux crises : jeunes sans ressources, femmes seules avec enfants, porteurs de handicaps, exclus du travail… La liste de ces “fragilisés” est connue des services sociaux et des associations d’entraide sociale. Elle s’allonge à chaque crise économique, sociale, ou environnementale. 

Parmi les populations fragiles, on pense régulièrement et habituellement d’abord aux personnes âgées, qui peuvent subir des difficultés dans leur mobilité, leur accès au service public, ou d’autres facilités liées à l’accès au numérique, ou à divers services sociaux. C’est vrai, mais souvent réducteur. L’analyse sociologique montre régulièrement et de plus en plus fortement qu’il existe d’autres populations en grande difficulté qui pourraient être amenées à subir, plus encore que les retraités ou le quatrième âge, la dégradation des conditions de vie en période d’amplification de la crise écologique et sociale. Parmi les jeunes, les populations d’étudiants et d’apprentis sont parmi les plus précaires, dès lors qu’ils ne peuvent pas compter sur la solidarité familiale. Les femmes seules avec enfants (85% des familles monoparentales sont des femmes) sans emploi, ou à temps partiel sont parmi les plus en difficulté, avec leurs enfants. La crise du Covid a remis sur le devant de la scène cette précarité de pans entiers de la jeunesse et de parents en difficulté, dès lors qu’ils n’ont plus accès aux services collectifs qui leur sont proposés en particulier (alimentation, transports, jobs, etc.). 

D’autres populations sont également à prendre en considération, dans une approche écologique et sociale : les nombreuses personnes frappées de différentes formes de handicap physique ou mental, au premier chef. On oublie trop régulièrement que de très nombreuses formes d’invalidités touchent une portion importante de nos contemporains : malentendants, malvoyants, illettrisme, illectronisme, hypersensibilité électronique, dyslexie, maladies mentales plus ou moins développés, infirmités diverses, parfois dûes à un accident récent, parfois passagère. Cela représente, en cumulé, environ 24% de la population active (Enquête HID de l’INSEE de 2001). Les motifs de ces “hors-normalités” sont multiples et pourraient faire l’objet d’un catalogue par temps calme. Dès lors que les crises s’accélèrent, et que les risques se cumulent, ces différences peuvent devenir des pathologies sociales, des obstacles insurmontables de la vie quotidienne et entraîner de graves conséquences dans la gestion de services publics courants.  

Enfin, que dire de la pauvreté, cette différence qui fait d’une part croissante de la population des personnes sans ressources suffisantes, dans un monde d’inflation d’inégalités en hausse  et de besoins toujours grandissants. Plus encore que les personnes âgées, ce sont les enfants qui sont désormais devenus l’emblème visible de la pauvreté extrême dans notre pays. Et parmi les enfants, ceux de familles les plus précaires, parfois sans école ni insertion, car migrantes, non insérées, sans emploi, sont tout en bas de l’échelle sociale ; et le décrochage est alors souvent synonyme de marginalité, de mise à l’écart. 

Par temps de dérèglements écologiques et sociaux, la pauvreté devient un espace d’exclusion au cœur des territoires, où la précarité énergétique se cumule à la pauvreté économique et l’exclusion sociale pour former un terrain dangereux pour la cohésion sociale. C’est donc à la puissance publique, territoriale et locale, de prendre des mesures qui permettront de combler ce fossé qui s’agrandit. La transition écologique doit porter en elle la nécessité et les moyens de la solidarité. 

 

Des références pour analyser, des inspirations pour comprendre et des guides pour agir 

Pour répondre à ces défis, pour les appréhender correctement et pouvoir accompagner les acteurs de terrain pour y faire face, il est nécessaire de bien comprendre les phénomènes contemporains et de puiser dans les nombreuses sources d’explication et d’inspiration disponibles pour mieux appréhender la nature des crises à l’oeuvre, mais aussi les moyens d’y remédier, sur les territoires. Pour cela, nous pourrons disposer de plusieurs atouts ; des partenaires scientifiques solides et des allié-es à la pointe de la recherche en matière d’intervention sociale, de communication et de formation. 

Parmi les références qui guident notre action et nos interventions sur les questions de transition écologique et sociale, on peut évoquer plusieurs organisations partenaires et quelques référents proches (activistes, intellectuel-les, spécialistes) avec lesquels nous échangeons régulièrement, ou dont nous participons (laboratoire de recherche Pacte, think tanks spécialisées, etc.). 

Nous nous inspirons et intervenons par exemple dans le travail de formation de l’Institut des Futurs Souhaitables (IFS, créé en 2012), qui forme chaque année des dizaines des cadres publics et privés à la transition, en suivant un parcours de plusieurs semaines.  

Nous avons l’expérience de l’élaboration et du suivi du parcours de formation des cadres ministériels avec le CSDD (Cycle supérieur développement durable) du ministère de la transition écologique (MTE/CGDD). Entre 2019 et 2021, nous avons accompagné l’ouverture de cette formation de 12 jours – auparavant interne au ministère – à l’ensemble des cadres de la fonction publique, ainsi qu’aux élu-es (réalisé en 2021). 

Nous sommes partie prenante, ou co-rédacteurs de plusieurs ouvrages, rapports sur ces sujets, tel que le Guide de la Communication responsable (Ademe et Cap com, 2022), ou du rapport de 2020 du ministère (MTE/CGDD), mission Explor’ables sur les apprentissages de la transition écologique et sociale (2019). 

Parmi nos allié-es, ami-es et partenaires, mobilisables et inspirants, nous comptons notamment La Fabrique des Transitions (avec notamment Jean-François Caron), l’ACCS créée par Thierry Libaert (Des vents porteurs. Comment mobiliser enfin pour la planète, 2020), les interventions et écrits de Anne-Sophie Novel (Les médias et moi), ou les visions prospectives de Virginie Raisson (2038, Les futurs du monde), parmi nos références premières. 

Mais plus qu’une liste d’intervenant-es ou de référent-es expert-es de leur domaine, ou d’institutions scientifiques, ce qui importe pour réussir une mission d’accompagnement des agent-es et élu-es d’une ville comme Lyon (qui en compte des milliers), c’est que nous avons une bonne connaissance des réseaux d’experts et une approche ancienne sur les sujets de la transition écologique et sociale, une longue et fructueuse expérience des collectivités locales et de la formation, et une capacité d’adaptation aux attentes d’une administration. Tous ces éléments nous permettent de vous proposer une solution exigeante, complète et adaptée à votre demande.

Pour échanger sur la solution surmesure que nous pouvons vous proposer, contactez-nous !

 ERWAN LECOEUR

Diplômé en journalisme, en sciences politiques et d’un doctorat en sociologie politique. Enseignant en sociologie (UGA), intervenant à Sciences Po (Communication publique), chercheur associé au laboratoire UMR-Pacte. Ex-directeur d’études à l’Institut Médiascopie, ex-Directeur de la Communication de la Ville de Grenoble.